Entretien avec Jacques POUSTIS

dimanche 15 février 2009
par  Bruno

Jacques, tu es peu connu en métropole. Comment organises-tu ta carrière ?

Il est certain qu’habitant à La Réunion, vous entendez peu parler de moi dans les télés et radios de France métropolitaine, mais dans le (petit) monde des chanteurs pour enfants on finit tous par se connaître entre artistes à force de se croiser dans les différents festivals. De la même façon les organisateurs de spectacles viennent à ces festivals et peuvent ainsi faire connaissance avec des artistes qui vivent loin de chez eux… De toute façon je ne cherche pas le « vedettariat ». Vivre à La Réunion, et venir faire des spectacles « de temps en temps » en France métropolitaine (ou à l’étranger) est un choix que j’ai fait il y a plus de 25 ans et pour l’instant je n’ai jamais eu à le regretter…

Comment en êtes vous venu à chanter pour les enfants ?

Au départ j’étais éducateur spécialisé pour l’enfance inadaptée. J’ai cessé ce métier pour des raisons personnelles en 1976. Mais à cette époque j’avais déjà écrit quelques chansons pour les enfants dont je m’occupais. Cela m’a donné l’idée d’en faire mon métier. Je suis donc devenu le premier artiste professionnel à passer dans les écoles de La Réunion ! Maintenant beaucoup d’artistes font ce métier et c’est tant mieux pour le public, je suis pour qu’il y ait le plus de choix possible !

Tu as quitté en 1976 la métropole pour te réfugier sur l’île de la Réunion. Quelle influence la culture des îles a-t-elle sur ta musique ?

J’ai tout de suite commencé à participer à des spectacles amateurs (surtout en théâtre). Dès que j’ai commencé à écrire des chansons, il est évident que la musique réunionnaise, très rythmée (beaucoup d’utilisation d’instruments de percussion), a influencé mes propres créations. Je me suis attaché aussi à apprendre la langue créole que parlent tous les réunionnais. Si bien que quelques unes de mes chansons sont en créole. J’ai même écrit une comédie musicale où la moitié des dialogues et des chansons sont dans cette langue très imagée (« Zoubête », dont a été tiré un CD), et où l’on retrouve évidemment des « ségas » et des « maloyas » qui sont les rythmes typiques de mon île d’adoption.

Comment qualifierais-tu tes compositions ?

J’essaie d’y mettre ce que j’appelle du « T.P.H. », c’est à dire de la Tendresse, de la Poésie, et de l’Humour. Je pense que cela fait un ensemble varié mais « qui me ressemble », ou tout au moins qui ressemble à ce que j’aime.

Comment aujourd’hui arrives-tu à "exporter" tes chansons ?

Je travaille au sein d’une association culturelle réunionnaise qui produit mes disques. Il existait jusqu’à l’an dernier une maison à Toulouse qui distribuait ces disques en France métropolitaine (Scalen’ Disc), mais elle a, hélas, fait faillite. Maintenant pour se procurer mes disques, il faut venir à La Réunion, ce qui, bien sûr, n’est pas très pratique !… ou alors en acheter à la fin de mes spectacles quand je suis en tournée. Mais mes chansons s’exportent aussi « toutes seules ». C’est ainsi que je reçois parfois des lettres de différentes régions où l’on m’apprend que mes chansons ont été apprises en classe… où que d’autres chanteurs les ont mises à leur répertoire. J’en suis évidemment très fier !

Quels sont tes projets pour les mois à venir ? de nouveaux CD ?

Je viens de terminer un CD pour « jeune public » (son titre : « N’importe quoi ! »). Le prochain sera plutôt pour les adultes : j’y dirai des textes de Gaston Couté, poète humaniste mort très jeune (1880-1911), car il a écrit de très belles pages.

A part ça, as-tu d’autres activités que la chanson et le spectacle ?

Oh oui, et beaucoup trop car mes journées passent parfois trop vite pour faire tout ce que je voudrais faire ! J’écris des livres pour enfants (chez Castor-Poche Flammarion : « Un père Noël pas comme les autres », ou dernièrement « Joyeux anniversaire ! »). Et puis je m’intéresse beaucoup aux sciences. Je collabore à une revue luttant contre les charlatans et les escrocs qui profitent de la naïveté des gens. Ils n’ont hélas pas toujours le temps de réfléchir ou de s’informer sur ce qui est vrai et faux (histoires de fantômes et de maisons hantées, remèdes miracles que l’on présente comme pouvant guérir tous les maux, sorciers-guérisseurs, OVNI, astrologie etc…).

Merci, Jacques.