Portrait de Jacques POUSTIS dans le revue Chorus

lundi 23 septembre 2002
par  Bruno

[|JACQUES POUSTIS

L’île et les enfants d’abord|]

Chanteur, clown, ventriloque, comédien... Jacques Poustis refuse de choisir entre ses multiples casquettes, entre public adulte et public enfant. Amoureux de la Réunion depuis vingt-trois ans, il en part quelquefois mais y revient toujours...

Il est tombé dans la chanson tout petit au coeur des repas de famille, où ça chantait à pleins poumons, autant en espagnol ou en basque qu’en français. Il faut dire que s’il est né à Clichy et a vécu son enfance à Arcachon, ses parents, eux, arrivaient de Bayonne. L’autre déclic lui viendra dès l’âge de cinq ans et demi, en colonie de vacances : "J’y ai découvert la chanson pour enfants. C’est le côté social, le souvenir d’avoir chanté en groupe qui m’ont intéressé au début. Les rapports humains, et l’ambiance chaleureuse que ça permet de créer".

Il fait ensuite un peu de piano, mais c’est à l’adolescence qu’il découvre la guitare et compose ses premières chansons. Il adore Brassens et veut devenir prof de gym. Comme il échoue et souhaite de toutes façons s’occuper d’enfants, il passe son diplôme d’éducateur (en 70) et continue à faire des chansons "avec les mômes".

Trois ans plus tard, il part pour la Réunion, en poste à la DDAS, avec laquelle il va vite se fâcher, pour cause d’inertie : "Je montais plein de projets... qui n’étaient jamais lus par personne !". Alors, en 1977, il saute le pas et il monte sur les planches : "J’avais déjà donné quelques spectacles en public, et je possédais un petit répertoire en direction des enfants. J’ai donc commencé à faire des animations scolaires. J’étais le premier à la Réunion : cela se passait en-dehors des heures scolaires... et en-dehors de l’établissement". D’un autre côté, dans des soirées cabarets, il chante Brassens, quelques chansons à lui, et dit des poèmes de Gaston Couté. L’accueil l’incite à écrire aussi pour adultes, de sorte que depuis il mène "deux trucs parallèles enfants/adultes, pas du tout évident".

En 1979, il effectue un passage remarqué au Printemps de Bourges. Au lieu d’essayer de l’exploiter, il retourne à la Réunion, il monte une troupe de spectacles pour enfants - Les trois moustiquaires - et concocte une comédie musicale intitulée Zoubête. Cette histoire de mouche, truffée d’allusions à la vie réunionnaise, il va la jouer plus de cent cinquante fois (!) dans les écoles, jusqu’à la dissolution de la troupe en 1984, date de la sortie du disque (en 1980 était déjà paru un premier 30 cm : Poustis chante pour les enfants... et les adultes accompagnés). Et, comme "cela marche trop bien", il commence alors à "tourner en rond" sur l’île, pas si grande, et décide de "quitter définitivement la Réunion".

De retour à Paris, il repart quasiment à zéro, et "rame" pendant un an : "Petit à petit, ça a redémarré, surtout du côté enfants... Moi, j’ai commencé par l’animation scolaire, et en-dehors des comédies musicales, mon spectacle est toujours un peu pareil dans la forme : chansons, clown, ventriloque. J’essaie aussi de leur faire danser des trucs de la Réunion". De 1985 à 1990, outre ces nombreux spectacles en métropole, Jacques Poustis tourne beaucoup côté adultes dans les Alliances Françaises (Maroc, Algérie, Mali, etc.). Mais n’y tenant plus, en 1990, il revient à la Réunion, monte la Troupe du Bistrac (avec le comédien réunionnais Roland Fontaine), et crée La Place aux singes, une nouvelle comédie musicale tous publics, qu’ils vont jouer en 94 au Festival d’Avignon. Courant 96, enfin, sortira un nouveau CD (Zoréole), tendre florilège de ses chansons plus ou moins inspirées par l’île aimée.

Alternant ses multiples casquettes (il a aussi été comédien de cinéma et de télévision, et écrit des contes pour enfants tel Un Père Noël pas comme les autres - Flammarion Castor Poche - dont la suite vient de paraître), il a aujourd’hui une douzaine d’albums ou cassettes à son actif (distribution Scalen). Début décembre, il vient de remonter sa comédie musicale Zoubête, dans la plus grande salle de l’île, le Théâtre de Champfleuri, le CD du spectacle à la clé.

Ce citoyen-artisan du monde, qui a le contact naturel avec les enfants auxquels il chante inlassablement le refus de tous les racismes, dit simplement : "Dès que l’on fait hurler les gamins juste pour hurler, je n’aime pas ça. Ça me fait mal au ventre. Là, on les conditionne, ils n’écoutent plus les chansons. Moi, je suis pour la chanson qu’on écoute..." (Daniel PANTCHENKO).

Contact scène :
Jacques Poustis, CD 6, no59, Fleurimont, 97460 St-Paul (tél. 0262.22.94.69, fax 0262.22.99.57).

Extrait de la revue Chorus n°18 - Hiver 1996/97