Portrait d’Hélène BOHY dans la revue Chorus

dimanche 23 mars 2003
par  Bruno

[| HÉLÈNE BOHY

Crèchendo, crèchendo|]

Cofondatrice d’Enfance et Musique, compagne de TSF, amoureuse de tous les tempos (jazzy et latino en particulier), l’insatiable Hélène Bohy a consacré sa vie de femme et d’artiste à la petite enfance. Et ce n’est pas fini.

par Daniel Pantchenko

Quatrième d’une famille de six enfants, cette native de la région parisienne aurait pu monter un orchestre avec ses frères et ses soeurs, chacun jouant déjà d’un instrument. A six ans, elle attaque le piano mais, attirée par les Beatles et Cie qu’écoutent ses aînés, elle arrêtera le classique et opte pour la guitare. Depuis longtemps, les trois accords émérites de sa grande soeur l’ont "subjuguée", une certaine Joan Baez faisant le reste.

"Etant d’une famille nombreuse, on partait très facilement en camps d’ados, en colos, et chose très importante, je fréquentais la MJC près de chez moi. J’aimais beaucoup chanter, et à l’âge de 14 ans j’ai foncé dans cette mouvance folk, où j’ai appris de façon très autodidacte : je suis une bouffeuse de plein de choses, très curieuse de tout et ça m’a nui parfois.. A 16 ans, je donnais déjà quelques cours de guitare. Transmettre, j’adorais ça ! C’est ce qui m’a conduite à Enfance et Musique."

C’est l’époque où Hélène passe son bac. Parallèlement aux stages, elle entamera des études d’éducatrice, pratiquant la musique "en dilettante.." ; notez pourtant que de quinze à dix-sept ans, elle chante déjà ses propres couplets avec une camarade "dans les MJC du coin" ; qu’elle apprend ensuite la flûte traversière pendant deux ans au conservatoire (elle se mettra à la basse et aux percussions africaines aussi) ; qu’elle rencontre entre-temps la chanteuse Chantal Grimm et crée le groupe Sybil pour l’accompagner ; que pour passer son diplôme d’éducatrice, elle devient stagiaire des Musicoliers, un collectif de musiciens qui travaille sur l’enfance.

On est en 1981, elle a "vingt ans et des poussières", partage la vie du flûtiste Marc Caillard et fonde avec lui (et deux autres passionnés) l’association Enfance et Musique : "Les Musicoliers ne voulaient pas intervenir en dessous des maternelles, et nous, on souhaitait aller chez les moyens, les petits, et même dans les crèches..." Dès l’année suivante, les activités démarrent, les stages se multiplient et, en 1984, le centre de formation est créé. Malgré un "boulot dingue", Hélène Bohy a alors intégré (pendant trois ans) une compagnie de danse contemporaine : "J’avais déjà fait de la danse africaine, mais là je trouvais une démarche intellectuelle, esthétique, et en direction de l’enfance. C’était comme si j’avais toujours eu besoin de quelque chose de scénique ou d’artistique en parallèle à la pédagogie."

En 1987, Enfance et Musique sort son premier enregistrement, une K7 d’Agnès Chaumié [Chorus 34, p. 64] intitulée 75 chansons, comptines et jeux de doigts. Peu après, Hélène Bohy réalisera avec elle A tire d’aile (dix-huit chansons d’animaux), réédité récemment en un superbe CD-livre. Elle en publiera huit au total chez Enfance et Musique (distribution : Au Merle Moqueur), dont Popoum, Dinosaures et autres bêtosaures, Au loup !, Les p’tits loups du jazz et Tangonino en 1999 [cf. Chorus 30, p. 68].

Avec Les P’tits Loups, album coréalisé avec Olivier Caillard, où elle repique à l’écriture de chansons, un déclic s’opère : "J’ai pris conscience qu’on pouvait réaliser des albums autrement qu’avec un répertoire traditionnel. J’ai pu à nouveau composer paroles et musiques, je me suis sentie projetée dix ans en arrière." Sur ce, comme son vieux copain Jean-Yves Lacombe de TSF, recherche d’urgence une chanteuse qui swingue, elle rejoint le groupe en 93. Après la disparition de celui-ci, quatre ans plus tard, elle montera Zoazoo (avec Philippe Berthe, ex-TSF), mais l’esprit trop voisin des deux groupes empêchera la mayonnaise de prendre vraiment.

Ces expériences inciteront cependant Hélène Bohy à développer son propre répertoire en travaillant avec certains musiciens. Ce seront le jazzman Daniel Huck pour Au loup ! en 1996, et César Stroccio, le bandonéoniste du Cuarteto Cedron, dans Tangonino en 1999. Côté texte, elle a rencontré l’excellente Jeanne-Marie Pubellier. Depuis, elle a décidé de se risquer en scène devant les quatre-neuf ans avec son très joli Tangonino et les plus petits via un Petit tango sur l’eau Dernière chose : toujours aussi bouillonnante, Hélène a "trois albums au moins en projet", dont un "pour les ados". A suivre.

Daniel Pantchenko

Contact : Enfance et Musique, 17 rue Etienne-Marcel, 93500 Pantin (tél. 01. 48.10.30.00, fax 01.48.10.30.09).

Extrait de la revue Chorus n°38 - Hiver 2002/2003


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