Pinocchio court toujours (CD)

lundi 25 février 2008
par  Bruno

Pinocchio court toujours
un opéra de Romain DIDIER pour les petits et les grands

A vue de nez, l’histoire est connue. Celle d’un petit pantin mutin dont l’appendice nasal s’allonge lorsqu’il profère des mensonges… Ajoutez une gentille fée maternelle, un pauvre menuisier dévoué, un grillon sentencieux et une ménagerie de fieffés coquins d’animaux, et vous obtenez les aventures de Pinocchio, l’un des contes les plus célèbres de la planète. Adapté en bandes dessinées, dessins animés et films divers, le roman de l’écrivain italien Carlo Collodi (1826-1890) a fait les délices de plusieurs générations, petits et grands à l’unisson, envoûtés par ces péripéties où la réalité se mélange au fantastique, le rêve à la morale, l’humour au merveilleux. Plus d’un siècle après sa naissance (1883), Pinocchio, le bambin de bois, court toujours.

En chansons, cette fois. En opéra, pour être précis, grâce aux talents conjugués de Romain Didier et Pascal Mathieu, deux éternels grands enfants qui connaissent la musique.

Pinocchio court toujours n’est pas un conte musical comme les autres. Plutôt une œuvre tous publics, qui mêle classique et variétés, refrains et entrain, chansons et action. Avec un casting à la hauteur du projet : l’Ensemble Orchestral des Hauts-de-Seine accompagné de 70 choristes et d’une brochette d’artistes venus de différents horizons et générations de la chanson : Pierre Perret, notre national Rabelais de la romance gourmande, a endossé le costume de Gepetto, aux côtés de la jolie fée Enzo Enzo, juste quelqu’un de bien… Kent, le rocker tendre, s’est métamorphosé en Renard malin, tandis que Sanseverino, l’ex-voleur de poules dingo de Django, est devenu grognon Grillon. Jean Guidoni, troubadour passionnel et passionné, se fond dans le pelage du Chat, pendant que Néry, ancien VRP devenu jongleur de mots, est Lucciniolo, le champion des quatre cents coups. Mathias Malzieu, chantre acrobate du groupe Dyonisos, joue le rôle d’un Thon plutôt détonnant, et Mustapha Kelaï, chanteur du métallique Mass Hysteria, celui d’un Bonimenteur jubilatoire. Enfin, et surtout, c’est Emile Allain, intrépide garçonnet de onze ans, qui donne voix et vie à Pinocchio avec un naturel et un professionnalisme confondants. Sans oublier les chatoyantes illustrations de Sibylle Delacroix qui décorent le livret d’un cd pas comme les autres, disponible dès le 30 octobre prochain.
« Pascal et moi sommes partis des souvenirs de lecture du roman de Collodi, raconte Romain Didier, qui signe la musique. Le pari était de réussir, plutôt qu’une œuvre lyrique, une sorte d’opéra bouffe, un recueil de chansons opératiques. Je suis un autodidacte, né d’un père compositeur prix de Rome et d’une mère cantatrice à l’Opéra de Paris. J’ai donc grandi dans un univers où la musique se pratiquait en orchestre, à plusieurs. Ce projet était donc pour moi une manière de retrouver ces sensations d’enfance, de boucler la boucle. » Auteur-compositeur-interprète renommé, autant pour ses propres albums solo (une dizaine depuis 1980, avec des tubes comme Senor, Senorita, ou L’Aéroport de Fiumicino) que pour sa fidèle collaboration avec le chanteur Allain Leprest (dont, récemment, un conte musical intitulé Pantin Pantine) Romain Didier est de ces rares musiciens qui maîtrisent aussi bien Puccini que les Beatles, Brel que la musique argentine. Des influences qui transparaissent dans la partition de Pinocchio, mêlant cordes, cuivres et bois, basson, clarinette, accordéon et percussions sous la direction du chef d’orchestre Laurent Brack.

Quant à Pascal Mathieu, comédien-chanteur-auteur-compositeur-poète couvert de prix (Charles Cros, Félix Leclerc et autre Pari Inter) il s’est attelé à l’écriture de Pinocchio avec un enthousiasme nostalgique mêlé d’un souci de modernité : « Enfant, j’ai lu le livre un nombre incalculable de fois. Le pari était d’en proposer une adaptation contemporaine, tout en restant fidèle à l’esprit de Collodi, par ailleurs pamphlétaire à l’humour irrévérencieux, fondateur de divers journaux satiriques dans lesquels il adorait égratigner les institutions de son époque, aussi bien le monde politique que celui de la justice ou de la médecine. » Tendre et burlesque à la fois, le livret de Pascal Mathieu joue avec les mots et les situations (un Grillon qui se fait taper sur la tête chaque fois qu’il essaie d’ouvrir la bouche, un Gepetto qui traite sa créature de « bûche psychopathe », un Pays des Jouets où les femmes à barbe côtoient les tartes à la rhubarbe…) batifole dans la magie, se délecte d’absurde, mélange parmesan et grappa, à l’image de ce menu hétéroclite servi à Pinocchio et ses acolytes : « une soupe aux brocolis, une glace à la chantilly, une pélican aux champignons, une omelette aux fruits et aux poissons, un vin ambré de Japonie, un magret de canard aux chrysanthèmes… »

Au départ commande de l’Ecole de musique de Belfort et outil pédagogique pour les écoles de musique, les chorales et les conservatoires, Pinocchio court toujours est devenu un spectacle audio à part entière, qui trouvera bientôt son prolongement scénique. « Pinocchio, c’est une histoire universelle, l’expression de l’enfance dans sa liberté et sa difficulté à entrer dans le monde des adultes » dit encore Pascal Mathieu. Et vivent tous les nez qui s’allongent.

Philippe Barbot

Bande orchestrale : NON


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