Portrait d’André BORBE dans la revue Chorus

lundi 23 septembre 2002
par  Bruno

Trente ans, natif de Liège où il a toujours vécu, André Borbé tient une grande faculté d’étonnement d’un père féru de sculpture, et un goût pour la chanson de sa mère, "beaucoup plus rock" que lui, néanmoins. Résultat, sa soeur cadette et ses deux grands frères ont aussi fait de la musique, l’un de ces derniers (Hervé) l’accompagnant sur scène, au piano. Dans ce milieu propice à l’expression artistique, André écrit des poèmes dès l’enfance, taquine le dessin et les arts plastiques "en humanités" durant l’adolescence, mais garde un autre projet en tête : devenir instituteur "et même précisément pour les tout-petits". Il le sera dès l’âge de vingt ans, quatre années à temps plein, quatre à mi-temps, carrière de chanteur oblige.

L’INSTIT BONDISSANT

Pouvait-il en être autrement, tant ces deux activités, du reste, s’entrecroisent depuis toujours chez lui. "Pendant mon adolescence, raconte-t-il, j’ai monté trente-six groupes de rock dans lesquels je jouais de la basse. Mon travail de fin d’études d’instituteur, je l’ai axé sur la chanson pour enfants en essayant d’élaborer un truc alliant tous mes plaisirs : faire de la musique, écrire des paroles... Cela a été mon mémoire avant d’enseigner : un petit répertoire de huit ou neuf chansons."

L’affaire aurait pu en rester là si l’écoute de celles-ci n’avait enthousiasmé ses professeurs, l’un d’entre eux l’incitant à s’inscrire à un concours organisé par la province de Namur. Le jeune instituteur, alors, envoie sa cassette et rafle les deux premiers prix. Ce qu’il ignore, c’est que le lauréat doit interpréter ses chansons sur scène, chose qu’il n’a jamais faite. Il le fera cependant, avec l’aide d’un ami "trompettiste-claviériste" (Jean-Jacques Nyssen) et d’une choriste alors inconnue : Clarika. "On a monté un truc d’une vingtaine de minutes, et ça a été un tremplin. Plusieurs personnes m’ont poussé à continuer. Jusque-là, je n’avais pas véritablement l’intention de chanter. Ce qui m’importait - et qui m’importe toujours -, c’était de faire vivre mes chansons ; et d’ailleurs, souvent, je me dis que si je trouvais quelqu’un qui aime ce que je fais autant que moi [rire]... je serais heureux d’écrire pour lui. La scène, j’ai appris à l’aimer et je l’aime de plus en plus, mais l’écriture reste probablement l’étape du travail que je préfère. Et je pense qu’un jour, je consacrerai plus de temps, voire tout mon temps, à écrire. Peut-être même de la prose, des romans..."

CHANTER POUR TOUS

De ce spectacle puis d’une vingtaine d’autres sort un premier album superbe un an plus tard, en 1993, Le Secret de Cécile [cf. Chorus 7, p.71], conte musical entre le théâtre et la chanson, ce qui permet à André de ne pas trop être au premier plan sur scène. Il cassera ensuite l’image avec un vrai tour de chant et un second album, tout aussi réussi, en 1995 : Dans la Lune [cf.Chorus 16, p.61]. Alliage d’un rock tonique et de mélodies finement dessinées, avec une voix fraîche sublimant, par le goût du rêve, les angoisses existentielles liées au quotidien moderne.

Pas de discours... mais des petites histoires entre humour et sensibilité (comme "Le dire ou bien me taire" d’avant l’Affaire Dutroux... ou la "Petite dame assise par terre"), marquées par une philosophie de plus en plus positive avecTous formidables, en 1997 [cf. Chorus 23, p.61]. "J’ai envie de chanter pour tous, souligne-t-il. De donner un spectacle qui soit aussi un vrai concert pour les grands... Je veux parler de l’humain en général et je suis persuadé qu’à six, trente-six ou soixante-six ans, on est touchés par les mêmes choses, bien qu’on les ressente différemment. Sans nier les difficultés, j’ai envie d’aller vers ce qui rassemble les gens, pour les aider justement à combattre ces difficultés-là."

Fan d’Alain Bashung ("il travaille les chansons comme de la peinture, par couches...") et de Bjork ("elle met de l’âme dans les machines électroniques..."), André Borbé - chanteur à plein temps depuis deux ans - nous réserve sans doute encore bien des surprises, tant il demeure ouvert à toutes les aventures créatrices. Témoin ce spectacle-animation "dans un camion qui se déplie" (l’Espace Mobile) qu’il réalise, actuellement, avec son ami Thibault, l’un de ceux qui lui ont donné envie de chanter.

Daniel PANTCHENKO


Extrait de la revue Chorus n°26 - Hiver 1998


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