Entretien avec Raymond FAU

jeudi 28 février 2008
par  Bruno

Quelle profession exerciez-vous avant de chanter ?

Je travaillais le cuir dans ma petite ville de Graulhet. D’ailleurs, tout le monde à Graulhet travaille le cuir. Mes parents étaient déjà artisans maroquiniers et à treize ans, je suis entré dans l’atelier familial pour apprendre ce métier.
Puis est venue l’heure de mon service militaire. J’ai préféré partir en coopération et j’ai été détaché pendant trois années dans un pays qui s’appelle aujourd’hui la République Centrafricaine. Ces trois ans passés en Afrique m’ont beaucoup appris.
De retour en France, j’ai de nouveau travaillé quelques années dans la maroquinerie. Puis, en 1960, j’ai été appelé comme permanent dans la Fédération des Scouts de France, tout d’abord à Toulouse, puis auprès de l’équipe nationale des Rangers.
Finalement, ce n’est qu’en 1969 que je me suis décidé à ne faire que chanter.

Vous aviez une formation musicale ?

Non, aucune. J’ai appris à chanter naturellement, comme on chante chez moi. Ma grand-mère chantait à merveille. Mon père, sans avoir de formation musicale, jouait pratiquement de tous les instruments. Je l’ai entendu jouer du piano, de la mandoline, de la trompette, du violon, de l’accordéon. Voilà l’univers qui m’a certainement marqué et orienté. C’est auprès de ma paroisse que j’ai véritablement commencé la musique. On m’avait pris comme soliste.

Mais comment êtes-vous arrivé à la chanson pour enfants ?

C’est au cours de ces six années passées auprès des Scouts que j’ai créé mes premières chansons et prières chantées. Elles ont été très vite reprises dans le mouvement. Les responsables du mouvement m’ont demandé alors de devenir l’animateur "musique" des Scouts de France.
Je dois dire tout de même que, enfant, dans mon quartier, je chantais et écrivais des chansons. Pour mes jeunes voisins et mes jeunes voisines –qui sont aujourd’hui des vieux voisins et des vieilles voisines-, je composais des comptines pour sauter à la corde ou jouer à la marelle. J’y parlais du chat de ma voisine, de ce qui se passait dans le quartier.

Et comment s’est déroulée votre carrière d’artiste pour enfants ?

Mon Dieu, que ce serait prétentieux ! Je ne me suis jamais senti menant une carrière d’artiste pour enfants. Artiste… je suis mal placé pour dire si je suis un artiste ou pas. C’est aux autres de le déterminer. Carrière… je ne me suis jamais senti ni chanteur, ni auteur, ni compositeur. Je veux dire par là que j’ai fait des chansons (paroles et musique). J’ai chanté à travers la France. Mais je ne me sens pas chanteur, mais "rencontreur". C’est par le chant que j’ai pu beaucoup rencontrer des hommes et des femmes adultes et enfants. Je me suis spontanément senti attiré par ce public enfant, d’autant que je travaillais auprès de lui dans le scoutisme.
J’ai été fortement influencé par Francine COCKENPOT. Imaginez vous que je lui ai écrit pratiquement de mes douze ans à mes vingt-huit ans chaque année sans avoir de réponse d’elle. Et un jour, elle m’a demandé de venir la rencontrer du côté d’Aix-en-Provence. Ce fut un des bonheurs de ma vie.

Quel type de chansons écriviez-vous ?

Les chansons que j’ai composés s’inspiraient de la nature, des animaux. Style mélodique très simple pour qu’il puisse être chanté par les plus petits ; très simples les histoires quand elles sont le thème de la chanson.
Et puis, je parlais de rencontres. Il me semble que le fait de chanter permet de se rencontrer vite et bien. Je ne connais rien d’autre qui permette à des enfants et des gens différents de dire ensemble les mêmes choses en même temps et de la même façon. Faire naître une âme commune.

Vous animiez souvent des concerts ?

Je n’ai jamais "concertisé". Il me semble que c’est quelque chose qui ne me va pas bien. En revanche, j’ai fait beaucoup d’animations en France et dans tous les pays francophones (excepté Saint-Pierre-et-Miquelon). On m’a demandé pour des rassemblements d’enfants, dans des rencontres plus ou moins importantes, d’une petite douzaine de participants à une dizaine de milliers.

Pour vous, quelles chansons sont-elles les plus représentatives de votre répertoire ?

Il y en a plusieurs : la Chanson des Sabots, traduite de notre folklore languedocien, avec laquelle je vibre très fort car elle contient ma petite enfance et qui, grâce à la langue d’Oc, est appréciée dans tous les pays. L’Hiver (voir partition page 12) et l’Automne, extraites d’un petit disque 45 Tours qui présentait les saisons. Et puis Petit Écureuil qui a rencontré immédiatement un certain succès auprès du public. Il y aurait aussi le Petit Âne que j’ai composé avec Jean DEBRUYNE dans le Sud marocain.

Entretien réalisé pour la revue Farandole, éditée par l’association Arpèges


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