Entretien avec Christiane ORIOL

jeudi 28 février 2008
par  Bruno

Depuis combien de temps chantes-tu pour les enfants ?

Depuis que je chante -c’est à dire toujours mais à “temps complet” depuis 1970- je me suis toujours adressée pour tout le monde, y compris aux enfants. Au début, j’interprétais des chansons de Jean Naty-Boyer, de Jacky Galou, de Steve Waring, quelques-unes des miennes... Mais il y a seulement une vingtaine d’années que je me suis mise à écrire délibérément des chansons destinées aux enfants. La première a été La Maison Citrouille. Dans les chansons antérieures, quelques-unes peuvent être classées comme “Jeune Public” (Moi, j’m’en fiche, par exemple). Mais ce n’était pas précisément voulu.


Comment expliques-tu le succès de la Maison Citrouille ?

Elle possède un certain nombre d’atouts : elle fait fonctionner l’imaginaire, la gestuelle. Elle est farfelue. On peut la mimer, l’animer. Elle est très visuelle. Anne H. Bustarret a dit que c’était le prototype de la chanson enfantine.
Cela dit, elle a eu surtout, je crois, la chance d’être choisie par Pierre Chêne pour son premier disque “Jeune Public” ! S’il n’y avait eu que moi pour propager cette chanson, elle n’aurait certainement pas eu l’audience qu’elle a maintenant.
Je rêve qu’un jour, elle entre dans le folklore -pour ne pas dire le patrimoine- et qu’on en oublie le nom de son auteur, comme c’est le cas de Colchiques dans les prés dont on ignore souvent que Francine Cockenpot, son auteur, est toujours en vie.

Tu n’es pas une artiste spécialisée dans la chanson enfantine. Tu chantes aussi pour les adultes. Y a-t-il un des deux axes d’activité qui teprend davantage de temps ?

La demande est plus importante en chansons pour enfants. Mais mon rêve serait de monter un spectacle où tous les âges trouveraient leur compte. C’est pourquoi je me suis attaquée avec Patrick Leroux, un ami musicien, à un spectacle Planète Couleurs qui s’adresse à un large public : petits et grands à partir de 8-9 ans.

Et en quel est le thème ?

C’est un voyage à travers les différentes régions du monde illustré de musiques métissées. Dans Machu Picchu, on entend d’une part de la musique des Andes et d’autre part des passages plutôt “quatuor à cordes”. Balafon mêle un refrain typiquement africain et des couplets antillais. On se balade dans les styles celte, brésilien, country, et même asiatique.
C’est un spectacle multiculturel dont les thèmes ne sont pas innocents. Machu Picchu raconte l’extermination des Indiens par les Conquistadors.Tzigane évoque ces nomades que l’on redoute un peu, Désert les Touaregs et leur sagesse millénaire. Tapis Volant dit : “On est tous embarqués sur la même goélette, tous sur le même tapis volant... plus ça ira, plus ce sera chouette... et même si on est tous différents, on a tous un langage commun : la musique.”

Tu animes d’autres spectacles pour adultes.

Oui. Il y a “Signé Brel” que l’on retravaille. Il y a “Chansons à la criée”, un spectacle rencontre dans lequel les gens sont conviés à établir le programme en demandant, comme à la criée aux poissons, les titres tirés d’une liste de 200 chansons. Il y a aussi un spectacle “Si on chantait Brassens” pour chanter ensemble des standards de Brassens.

On dit que tu es une musicienne polyvalente, ...

J’ voudrais bien... mais j’ peux point ! J’adore les instruments, mais je suis une bidouilleuse de la musique. Je bricole d’un peu toutes les flûtes et de l’harmonica, du psaltérion, du dulcimer, de l’ocarina et de la guitare. Patrick Leroux, mon complice musicien qui, lui, est vraiment un musicien polyvalent - il joue du sax, du violoncelle, du clavier, de la guitare, des percussions et j’en passe - ne m’autorise, quand on joue ensemble, que la guimbarde et la pompe à vélo !

Et tes projets pour les années à venir ?

Sortir l’intégrale de Planète Couleur en CD, écrire un nouvel album pour les enfants dans l’esprit de l’École de Madame Nicole, apprendre le piano et l’accordéon, réaliser un album et un spectacle sur la mort (c’est un thème fabuleux), passer mon brevet de pilote (c’est mon rêve de gosse) et me battre avec mon arme qui est la chanson, pour que notre planète devienne un jour un monde heureux à vivre pour tous les hommes de toutes les couleurs.

Entretien publié dans la revue Farandole, éditée par l’association Arpèges