Entretien avec MANNICK

lundi 3 mars 2008
par  Bruno

Certaines personnes te connaissent pour tes chansons à destination des adultes, d’autres pour les chansons religieuses, les troisièmes pour les chansons pour enfants. Qu’en est-il de cette carrière ?

Ma vraie carrière, celle que j’ai débutée dans les années 60 avec les Collégiennes de la Chanson, c’est la chanson française de variété. En cours de route, j’ai rencontré Jo AKEPSIMAS et les autres artistes du groupe Crèche. Il m’a fait chanter en tant que soliste. Comme je suis auteur, il m’a aussi demandé l’aide de ma plume. Et c’est comme cela que j’ai écrit avec lui un certain nombre de chansons de catéchèse. Avant cette période, j’avais déjà écrit Petrouchka, le Vieux Cow-boy,… J’en ai alors fait rapidement un disque. Aujourd’hui, la chanson de variété représente la principale part de mon activité en été. La chanson pour enfants dans les milieux scolaires ou dans les salles de spectacle prend la première place dans l’année.

Tu es auteur et compositeur.

Je passe beaucoup de temps à écrire les textes. Mais pour les enfants et pour la musique, je collabore beaucoup avec Jo.

Quels sont tes points de départ pour l’écriture des chansons pour enfants ?

Dans mon dernier disque, je suis partie de moments de la vie, un peu comme dans les chansons de variété. J’ai été amenée à traiter de la violence, de la paix. Il y a toujours des chansons "délire" comme le chat allergique au poil de chat ou le chien vert dans le disque précédent. J’exploite beaucoup l’imaginaire. Mais je ne pense pas qu’il faille se limiter à cela. Il faut parfois atterrir et offrir aux enfants des chansons en relation avec leur quotidien. Aujourd’hui, les adultes ont beaucoup de messages à transmettre aux enfants.

Certains de tes collègues craignent pour l’avenir de la chanson pour enfants. Quel est ton point de vue ?

Depuis que je chante, j’ai toujours vu les médias programmer des chansons faciles, bébêtes qu’elles intitulent "chansons pour enfants". Nous avons subi de longues années d’émissions avec une certaine chanteuse, sans citer personne. Ces émissions à destination d’un jeune public ne programmaient jamais de chansons pour enfants. On avait le droit à des compositions plus ou moins insipides destinées aux adolescents. Ce qui m’inquiète sur le terrain, c’est la déstructuration musicale des enfants de CM. Ils sont contaminés par les médias et défigurés par des musiques répétitives aux paroles simplistes. Seul le rythme prend le pas. La mélodie n’existe plus. Les paroles, hormis dans certains raps, sont réduites à un contenu douteux et parfois violent. Je pense qu’il y a là matière à inquiétude.

Pourtant, la France ne manque pas d’artistes de talent, qu’ils se nomment Patrick DI-SCALA ou Gérard DELAHAYE, par exemple.

Oui, mais on voit ici la politique des médias qui privilégient les musiques faciles et le nivellement par le bas. Ces chanteurs sont inconnus de la majorité des enseignants, des parents et des enfants. Ce qui est vrai pour la musique actuelle l’est aussi pour la musique traditionnelle. La chanson populaire disparaît entièrement aussi. En fait, tout est remplacé par des productions inexistantes tant par leurs paroles et que par leur implication culturelle. On voit des grands CM2 dans certaines écoles qui ricanent aux premières notes d’une chanson, même une chanson comme Vas-tu t’arrêter de cogner qui a des choses à leur dire. Ils n’écoutent pas les paroles. Ils sont complètement largués. Mais on pourrait peut-être inverser le courant avec l’aide des enseignants. Certains s’y emploient, mais ce n’est pas facile.

Revenons aux chansons de qualité. Quand sors-tu votre prochain album pour enfants ?

Il n’est pas encore programmé. Disons dans les deux ou trois ans.

Comment organises-tu tes tournées et tes spectacles ?

Je suis complètement marginale depuis le début de ma carrière : je n’ai pas d’agent. C’est une très grande liberté. En revanche, je me trouve hors du circuit traditionnel des tournées. Dans certaines régions, quelques particuliers se chargent d’organiser une tournée. Mais le plus fréquemment, les gens m’écrivent pour une ou plusieurs prestations.

Merci, Mannick