Entretien avec Pierre CHENE

mardi 1er avril 2008
par  Bruno

Tu es actuellement l’un des chanteurs pour enfants les plus connus parmi les enseignants. Quelle est l’origine de cette notoriété ?

C’est dû au travail en profondeur que je mène depuis longtemps. Cela fait plus de vingt ans que je travaille pour les enfants. Peut-être aussi que cette complicité avec les enfants et les enseignants est due à un soin particulier que je mets à écrire mes chansons. Je suis très attentif au style et au contenu. Je travaille beaucoup pour soigner mes textes et mes musiques.

Quand as-tu débuté la chanson pour enfants ?

Il y a plus de vingt ans. Au départ, je n’écrivais pas énormément de chansons. Dans mon premier disque, j’avais introduit des chansons que je n’avais pas composées. On y trouvait certes l’Oiseau et la bulle, Dors petit phoque, Où allez-vous ? Mais j’avais aussi enregistré des chansons de Jacky GALOU comme Nagawicka ou Taupinette, la Maison citrouille de Christiane ORIOL, Il était une fois et caetera de Jean NATY-BOYER. Ce disque a eu beaucoup de succès. C’est ce qui m’a propulsé.

Pourquoi ce choix de mêler des chansons "Pierre CHENE" et des chansons d’autres auteurs ?

Nous étions dans les années 75. J’écrivais encore de la chanson pour adultes. J’avais fait du récital pendant quinze avec Pierre NICOLAS qui m’accompagnait à la contrebasse. Peu à peu, j’ai complètement basculé vers la chanson pour enfants. Ce premier disque est arrivé alors que je travaillais encore pour les adultes. Je ne possédais pas alors un grand répertoire pour les jeunes.

Depuis ce premier album enregistré en 1976, sept nouveaux disques. Comment choisis-tu les thèmes que vous allez aborder ?

Je ne les choisis pas, je les laisse venir par imprégnation. Je chante ce que je vis ou que je vois au quotidien. Ce peut être une émotion ou quelque chose de réel. Par exemple, l’histoire de Noisette, le petit chien. C’est une petite fille qui m’a raconté que son chien avait été empoisonné par le voisin. Noir et lumière comme sa peau de soleil est une phrase prononcée par un ami. Il attendait en Normandie son enfant d’origine Mauricienne qu’il avait adopté. Le père, un peu poète, m’a dit : "Il est noir et lumière comme sa peau de soleil." J’ai trouvé cela très beau et j’en ai fait une chanson. Parfois, en me promenant dans les écoles, je vois des tas de choses. Un jour, il y avait un grand arbre fait par les enfants avec les sucettes et des bonbons accrochés aux branches et à côté une sorcière et un petit garçon. Ca m’a tout de suite suggéré une histoire. C’est devenu la Sorcière et les bonbons. Des institutrices m’avaient raconté que les mères pleuraient le matin en quittant leur enfant lors de la première année de maternelle. J’ai écrit Ne pleure pas, Maman. Et puis on trouve des chansons de rêverie comme Où allez-vous chemins tranquilles ?

Tu composes d’abord tes musiques ou tes textes ?

Ca dépend, un peu comme ça vient. Parfois les musiques, parfois les textes, parfois les deux en même temps.

Tu assures de nombreux spectacles ?

Oui, mais le nombre varie en fonction des années. En 1994, j’ai chanté pour la première fois à l’Olympia. A la suite de cela, dans l’année, j’ai du faire 120 concerts. Il y a heureusement des années moins chargées.


Quels sont tes projets pour les années qui viennent ?

Je vais d’abord, vers les mois d’octobre ou novembre, sortir une compilation qui s’intitulera Chansons pour rire. On y retrouvera des chansons plutôt humoristiques choisies parmi toutes les chansons que j’ai écrites. Ce ne seront pas des créations.
En revanche, j’enregistrerai l’année prochaine un album contenant un répertoire nouveau.
Éventuellement un Olympia. Je n’y suis pas allé depuis 1996.

Entretien réalisé en 1998 pour la revue Farandole éditée par l’association Arpèges